abltion
bizarre visage tourné vers le silence
c'est la Nuit tout autour tout dort ronfle enfle
l'angle
me défigure une fois de plus
je n'ai plus mal quand il
perfore fort mon ventre
entre
les non-seins la non-vulve
et si l'homme pouvait se réduire à la
négation du genre féminin
je n'invente
... Rien
ce mot me choque, me surprend encore
au detour d'une page glacée il
explose mes yeux de larmes
froides
si froides
cette Nuit avec les vêtements pour couverture
à grelotter chercher un bout de chaleur sous le pull
si froid cet homme en complet gris dans sa voiture
qui baisse la vitre, qui crache un ordre, sur ce qui
un jour
n'a fait qu'Un
avec Lui
lui, Qui ?
tout le monde entend dans mes blagues que
je vais mal et de plus en plus mal
ne regardez pas mes mains, mes yeux, ma bouche
tout trahit l'envie qu'on me tue
qu'on me touche : là
au point précis où
mon corps ne pourra plus que chuter
passé la ligne d'horizon, il
tombe
je le vois traverser le ciel
je vois le ciel et mon corps le traverser
je vois le corps à travers ciel
je ciel le vois qui traverse le corps
poser cet acte comme une bombe : c'est gratuit
je ne peux rien faire de plus fort, du moins j'en suis persuadé
et je n'en peux plus d'être immobile dans cette pièce
que je transporte partout avec moi
privé d'air
il me reste toujours au moins ça c'est déjà ça
il me reste mes mains pleines de doigts à croquer
à déchirer la peau près des ongles : des grandes lamelles rouges et chaires
à détruire l'adn qui me contient comme un berceau en fer
à rendre impossible l'écriture qui rend plus concrète la mort, encore
à fendre les pierres qui ne protège plus rien
... Rien